Texte intégral de la pétition n°2 (du 12 octobre 2011) des détenus (348 hommes) de la maison d'arret de Lyon-Corbas :



Nous, détenus

M.A de Corbas

40bd des nations

69690 Corbas

 

Nous, détenus à la maison d'arrêt de Corbas, par cette présente, manifestons notre désarroi et impuissance face aux multiples incohérences dans le fonctionnement de la maison d'arrêt.

Nous savons qu'il existe énormément de différences dans l'organisation de la journée d'un détenu et de ses droits, suivant son lieu d'incarcération, ce qui nous semble anormal. Nous concernant, nous nous arrêterons sur les points qui motivent notre courrier pour la maison d'arrêt de Corbas.

Les parloirs.

De manière générale, l'accès des détenus aux parloirs n'est pas problématique, cependant quelques anomalies subsistent. Il n'est pas possible d'accéder aux parloirs depuis les cours de promenade, ce qui se faisait avant sur St Paul et dans la plupart des autres prisons. Il serait même plus pratique de le faire en terme de fluidité des mouvements, ce qui ne semble pas être compris par le personnel pénitentiaire. Du côté des visiteurs, l'administration pénitentiaire reste impassible sur les possibles retards des familles, et ce, sans prendre en compte leur trajet, leur moyen de locomotion, raisons du retard, aucune explication est donnée ou entendue, le parloir est refusé. Le personnel pénitentiaire fait là preuve de peu de compréhension, voire d'humanisme à l'égard des familles qui, ne l'oublions pas, sont libres et méritent le respect ainsi qu'un minimum de considération.

Les rapports entre détenus et personnel pénitentiaire.

Nous n'avons pas la prétention de vous apprendre qu'en prison une tension existe. Nous ne dirons pas que tous les surveillants sont de mauvaise foi, ni que tous les détenus sont de bonne foi, malheureusement le rapport de force est bien présent et, quand incident il y a, la parole du surveillant est ici comme parole d'évangile quand celle du détenu n'est guère considéré. Les exemples sont légion, quand un surveillant porte plainte, la procédure est d'une vitesse phénoménale alors que nous, attendons parfois des années avant d'être jugés. Quand raison est donnée aux surveillants sachez que nous sommes systématiquement condamnés, d'abord par la commission de discipline, par le parquet et enfin par le JAP sur nos remises de peine. Il est là une situation où l'on veut que le détenu s'expose à des multiples sanctions, quand dans le cas inverse tout est mis en œuvre pour qu'aucune procédure n'ait lieu concernant les surveillants outrepassant leurs prérogatives. L'iniquité dans le traitement et le respect des lois est flagrante entre citoyens détenus et citoyens surveillants. Sommes nous vraiment considérés comme des citoyen à part entière ou entièrement à part?

Les cantines.

Un sujet difficile à expliciter tant il nous est compliqué de le comprendre nous mêmes. N'oublions pas que la société Eurest est à but lucratif et que donc, de fait, nous sommes ses clients. Nous aimerions comprendre pourquoi il existe tant de différences de choix dans les cantines suivant les lieux de détention, viandes, poissons dans certaines prisons, pas du tout à Corbas. Des épices autorisés ailleurs, des interdictions à Corbas (poivre), du matériel hi-fi (chaines, consoles de jeux...) dans de nombreuses prisons sauf à Corbas, sachant que c 'est la même société qui est chargée de la distribution dans presque toutes les prisons.

La tarification : les prix des produits comparés à ceux de dehors restent élevés. Ces prix correspondent à des produits d'une certaine marque, cependant il est fréquents qu'ils soient remplacés par des articles d'autres marques sans que les prix correspondent et sans même nous informer au préalable. Cela ne nous semblent pas conforme aux lois encadrant le droit des consommateurs. Quand des problèmes se présentent (livraisons de produits ne correspondant pas à ceux du catalogue Eurest, ou des produits facturés mais pas livrés...) les réclamations se font via l'administration pénitentiaire qui n'a pas les compétences requises en la matière. Nous attendons donc que les autorités compétentes veuillent bien se pencher sérieusement sur toutes les anomalies plus que douteuses.

activités/travail/école

le travail est accessible selon certaines conditions, tous les détenus peuvent travailler à l'atelier, dans la mesure où toutes les places ne sont pas pourvues, ce qui est très rarement le cas. Pour le service général (auxi servant, linge, cuisine et autres); certaines conditions sont requises. Les détenus en procédure criminelle n'ont pas le droit d'y accéder quand ceux condamnés suite à une procédure criminelle peuvent y accéder. Il est là une logique difficile de saisir surtout si on se rappelle le principe de présomption d'innocence. Pour l'école et les activités proposées par le SPIP, la remise à niveau est prioritaire, il n'y a qu'une seule classe de secondaire et le nombre de places est un problème récurrent. Vous comprendrez qu'il reste une importante partie de la population carcérale dépourvue de toute occupation et il est là un réel problème quand on sait ce que cela génère. Pour les détenus se trouvant dans cette situation, le temps passé en cellule devient considérable. Il est pourtant autorisé dans d'autres prisons aux détenus de se retrouver dans des salles d'activités pour des jeux (cartes, échecs, jeux de société) mais à Corbas cela est impossible à mettre en place disposant pourtant de nombreuses salles prévues à cet effet. Serait-il d'une mauvaise volonté délibérée que de nous laisser péricliter le plus longtemps possible et légal en cellule? Nous le pensons.

L'alternance des tours de promenade.

Les tours de promenade sont les mêmes du lundi au dimanche, 365 jours sur 365. pourtant l'alternance s'effectue dans les autres prisons. Elles s'effectuait dans les structures vétustes de St Paul. On ne comprend pas qu'elle cesse quand Corbas dispose de structure bien plus adaptées par un alternance des tours de promenade. Même les mesures de sécurité voudraient qu'on bénéficie d'une alternance aléatoire. Cependant à Corbas il nous impossible de jouir de telles mesures. Comprenez que ce rythme monocorde devient moralement éreintant. Des réclamations ont été vaines et sans réponses de la part de l'administration pénitentiaire. Le dialogue entre acteurs principaux de la vie carcérale n'est pas privilégié et nous nous efforçons d'abonder dans ce sens mais notre patience s'affaiblit et nos interrogations restent sans réponses.

Ce courrier s'adresse aux autorités compétentes et soucieuses du respect des droits des personnes incarcérées. Il s'adresse aussi au directeur qui semble plus prompt à répondre à la presse quand celle ci publie des articles plutôt critiques sur le bon fonctionnement de la maison d'arrêt de Corbas. Nous aurions préféré qu'il s'adresse directement à nous pour qu'il prenne conscience de la réalité.

Toutes les signatures attestent et confirment notre unanimité sur les différents problèmes rapportés dans ce courrier. Nous attendons un vrai signal de votre part sur la volonté de changer dans le bons sens le fonctionnement de la maison d'arrêt de Corbas. Ce courrier à caractère revendicatif est fait dans le respect des lois et dans l'expression de nos droits les plus élémentaires. Il est aussi notre dernière alternative dans ce sens.




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